Malawi : des arbres pour fertiliser les sols et émanciper les femmes
Malawi : des arbres pour fertiliser les sols et émanciper les femmes
Malawi, la petite république d’Afrique Australe compte parmi les pays les plus densément peuplés et les moins développés du continent. Un programme d’agroforesterie a été lancé en 2007 pour améliorer la sécurité alimentaire.
Par Ophélie Colas des Francs
Plus de 5 millions d’habitants en 1975, 17 millions en 2014. L’explosion démographique qu’a connue le Malawi en quarante ans a porté un coup dur aux forêts, à la fois source de bois de chauffe et de terres pour les cultures.
« Malawi-demography » Sous licence CC BY 2.0 via Wikimedia Commons
La population recourt en effet traditionnellement au " visoso " , nom local de l’agriculture itinérante sur brûlis. D’après la FAO, le pays qui était couvert d’arbres il y a un siècle ne compte plus que 27,2% de forêt. Résultat, les sols se sont appauvris et 20 à 40% de la population souffre d’insécurité alimentaire. Par ailleurs, les femmes, qui doivent aller de plus en plus loin pour la coupe du bois, sont victimes d’agressions sexuelles.
Des plantes qui se nourrissent les unes les autres
En 2007, le Centre mondial d’agroforesterie (ICRAF) a lancé un ambitieux projet d’agroforesterie pour la sécurité alimentaire (AFSP), en partenariat avec des organisations paysannes, des organisations non gouvernementales et le Ministère de l’Agriculture du Malawi. En quatre ans, près de 185 000 ménages ont bénéficié de plus de 120 tonnes de semences et 366 810 plants d’arbres fruitiers grâce à des pépinières communautaires dont ils ont pris soin. Le tout avec une formation pour mettre en place des pratiques durables. Ils ont par exemple associé l’arbre légumineux « Gliricidia sepium » avec les cultures de maïs, ce qui a permis de tripler les rendements céréaliers.
Gliricidia sepium - Forest & Kim Starr [CC BY 3.0], via Wikimedia Commons
Pour limiter l’apport en engrais, les ménages ayant bénéficié du programme de l'ICRAF ont planté des arbustes fixateurs d’azote, le « Sesbania sesban » et le « Tephrosia vogelii » qui présentent de multiples avantages : croissance rapide, niveaux élevés de biomasse, capture de grande quantité de nutriments, capacité à survivre au stress hydrique. Ces pratiques agroforestières ont augmenté les rendements du maïs et, ainsi, amélioré la sécurité alimentaire et la nutrition des familles.
Sesbania Sesban by Dinesh Valke (originally posted to Flickr as Sesbania sesban) [CC BY-SA 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons
Les femmes plus autonomes
Les femmes ont aussi vu leurs responsabilités et leur sécurité améliorées. Elles ont acquis des compétences lors des formations. Et elles n’ont plus à s’éloigner de chez elles “ J’avais l’habitude d’être l’une de ces femmes qui allaient à la recherche du bois de chauffe à l’extérieur, et beaucoup de mes amies ont péri alors qu’elles ont été contraintes de négocier avec leur corps... mais ces trois dernières années, je n’ai pas eu à y aller, maintenant que j’ai assez de bois de chauffe avec les arbres que nous avons plantés.” témoigne l'agriculture Esnat Grem à l'Oakland Institute. En 2012, une deuxième phase du projet a débuté. Il s’agit cette fois d’améliorer la matière organique dans le sol afin de conserver plus d’eau et de nutriments pour améliorer encore des rendements de maïs. Difficile de faire d’ores et déjà un bilan mais d’après l’Oakland Institute et l’Afsa, les premiers résultats sont probants…
Pour en savoir plus sur ce projet d’agroforesterie pour la sécurité alimentaire de l'ICRAF
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