L’agriculture sur brûlis, un fléau pour les forêts tropicales
L’agriculture sur brûlis, un fléau pour les forêts tropicales
Tavy à Madagascar, visoso au Malawi, chitemene en Zambie… les vocables locaux désignant l’agriculture itinérante sont nombreux en Afrique. Et pour cause, cette technique agricole est pratiquée dans tous les états de la zone tropicale humide.
Par Alexandra Lepin et Ophélie Colas des Francs
Agriculture sur brûlis (swidden), Lukolela, République démocratique du Congo © Photo Ollivier Girard pour le Center for International Forestry Research (CIFOR).
Bien qu'elle soit souvent associée aux seuls pays tropicaux, l'agriculture itinérante sur brûlis a été et reste pratiquée sous toutes les latitudes. Et ce depuis la nuit des temps! Cette technique était notamment employée par les Européens au Moyen-Age. Aujourd’hui, on estime à 300 à 500 millions les agriculteurs qui y recourent.
Le principe est simple : l’agriculteur utilise le feu pour défricher une parcelle boisée afin de l’ensemencer. Une technique qui présente deux avantages : d’une part, elle exige moins de travail et d’outils sophistiqués que le défrichage à la main. D’autre part, la cendre produite par l’incinération de la végétation fournit les sels minéraux indispensables à la fertilisation des sols.
Une stérilisation inexorable des sols
Les champs de courges, d’arachides ou de bananes plantains sont parfaitement adaptés à ce type d’agriculture. Les graines de courge, par exemple, sont semées avant les premières pluies et au lendemain du brûlis. Et les courges utilisent les troncs morts pour asseoir leur croissance. Ainsi, les premières années, la terre est fertile. Les agriculteurs y plantent igname, taro, maïs, et arachide.
Mais peu à peu, les sols s'appauvrissent obligeant les agriculteurs à choisir des plantes moins gourmandes en nutriments comme la banane plantain et le manioc. Au bout de trois quatre ans, les sols deviennent totalement stériles… L’agriculteur est ainsi contraint de déboiser une autre zone. Et la première parcelle? Elle est laissée au repos pour se régénérer. Il lui faudra 15 à 40 ans de jachère pour être de nouveau exploitable...
Une technique viable dans les zones à faible densité de population
Bien que très critiqué aujourd’hui, l’agriculture sur brûlis est une technique agricole qui fonctionne quand la densité de population est faible. Ce qui a longtemps été le cas dans les campagnes africaines… Le défi aujourd’hui est l’explosion démographique qui pousse les agriculteurs à raccourcir le temps de jachère pour nourrir leurs familles. Résultat, la terre s’épuise et l’homme est contraint de s’enfoncer toujours plus dans la forêt pour trouver des sols cultivables… avec le résultat que l’on sait.
Pour en savoir plus : L'agriculture itinérante comme stratégie de gestion des ressources pour les tropiques sur le site de la FAO
RDC : l’agriculture sur brulis dégrade les forêts, selon Tosi Mpanu Mpanu
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