Albert Bayiha Pondi : l’éducation avant tout
Albert Bayiha Pondi : l’éducation avant tout
L’ex employé de la chambre du commerce et de l’industrie de Douala a milité en faveur de la construction d’une école auprès des habitants du village de Tayap, dans le centre du Cameroun. Avec succès.
par Ophélie Colas des Francs
Assis à l’ombre du safoutier devant sa maison à Tayap, Albert Bayiha Pondi profite d’une retraite bien méritée, après une longue carrière au sein de la chambre du commerce et de l’industrie de Douala. L’homme aux cheveux gris n’a rien d’un oisif. Dans son champ, impeccablement entretenu, poussent des citronniers, des cacaoyers, des bananiers, des bitter colas… Des cultures qu’il entretient avec soin. Albert accueille le visiteur avec un sourire. Sa voix, lente, claire, s’anime peu à peu. Il accompagne son récit de gestes de la main. Pas de doute, il aime parler du village et de sa communauté. Aujourd’hui, Albert raconte l'histoire de l'école. Une histoire qu'il ouvre avec une citation de Nelson Mandela: « C’est grâce à l’éducation que la fille d’un paysan peut devenir médecin, que le fils d’un mineur peut devenir chef des mines, que l’enfant de travailleurs agricoles peut devenir Président d’une grande nation. ». Le ton est donné.
Une école informelle créée par ses habitants
Cette année, l’école de Tayap fête sa quinzième année. Un établissement jeune, donc, qui a surgi de terre grâce à la mobilisation des habitants. Il y a une vingtaine d’années, une cinquantaine de personnes originaires de Tayap et Omog, le village voisin, installés à Douala ou Yaoundé, ont créé l’Association des ressortissants d’Omog et de Tayap pour le développement (AROTAD): « Nous avons fixé comme priorité l’ouverture d’une école. A cette époque, au village, les enfants devaient faire une dizaine de kilomètres et il n’y avait pas de moto taxi. » Albert sait mobiliser les troupes. Pour financer l’établissement, les villageois s'investissent. Certains travaillent gratuitement pour une compagnie forestière qui leur fournit en échange des tôles.
Ainsi, une école informelle, c’est-à-dire sans financements de l’Etat, bâtie des mains des villageois ouvre en 2000 à Tayap. " Pendant trois ans, nous avons payé le maître" se souvient Albert. Parallèlement, l’association multiplie les démarches auprès de l’administration pour transformer l’établissement en école publique. Des financements sont obtenus auprès de l’Organisation internationale pour la Francophonie (OIF) pour construire le puits de l’école. L’école publique a été inaugurée en 2004. Les deux premières années, tous les cycles étaient complets, les élèves, une centaine, étaient consciencieux". La fréquentation, malheureusement se met à fléchir par la suite. Aujourd'hui, l'école de Tayap ne compte plus que 8 élèves. En cause, les instituteurs qui, d’après les villageois, arrivent en retard le matin.
Les parents, estimant que le niveau s’est dégradé, n’hésitent pas aujourd’hui à payer une moto-taxi pour envoyer leurs enfants dans l’école du village voisin. Albert ne cache pas sa déception. " Il faudrait recruter les professeurs nous-même mais les habitants ne sont pas prêts à payer. Je suis résigné mais je ne regrette rien. Cette école, nous avons bien fait de la construire. C’est notre fierté". L’association des parents d’élèves ne ménage pas ses efforts pour motiver les instituteurs. Elle reste optimiste. Le passé l’a montré : la mobilisation porte ses fruits. Gageons que l’école de Tayap saura à nouveau attirer les enfants du village.
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