Niger : Ils ont fait reculer le désert!
Niger : Ils ont fait reculer le désert!
Au Niger, dans l'aride département de Keita, quelques 200 000 agriculteurs ont unis leurs forces pour restaurer les écosystèmes. Ce projet, lancé dans les années 1980, a permis de reboiser et améliorer la productivité des cultures.
Par Ophélie Colas des Francs
Keita, Niger, 1984. Le vaste plateau de 4860 km², jadis couvert de forêt, est à présent totalement déboisé. Le vent souffle, l’eau manque, la terre est stérile. Les habitants se sont repliés vers les vallées mais les terres sablonneuses sont peu fertiles. La coopération italienne au développement, soutenue par les Nations Unies, initie alors le projet Keita. Leur objectif est ambitieux : restaurer l’équilibre écologique du département, assurer la sécurité alimentaire et favoriser le développement économique et social des familles.
NIGER - KEITA - PRIMA PARTE - COOPERAZIONE... par 02cooperazione
Des travaux d 'ampleur
Tout est mis en œuvre pour restaurer les sols. Les dunes, les pentes de la vallée, les berges des rivières se couvrent d’arbres pour couper le vent et retenir l’eau. Pour mieux contrôler les ressources hydriques, des barrages, petits et grands, sortent de terre. Parallèlement, 300 kilomètres de routes rurales sont tracées.
Ces gros travaux réclament des machines : des tracteurs, des camions et des engins lourds sillonnent Keita. Des mécaniciens, électriciens, soudeurs sont formés pour la réparation et l'entretien du matériel. Les populations utilisent aussi des outils de fabrication locaux améliorés par de tous nouveaux forgerons. Les femmes ne sont pas en reste. Elles assurent notamment la gestion des moulins installés dans les villages.
NIGER - KEITA - SECONDA PARTE par 02cooperazione
Récolter les fruits du travail
Quelques années passent… Les sols restaurés sont ensemencés mais cette fois ce seront des techniques de culture durable qui seront mis en œuvre. Des espèces durables telles que le niébé sont introduites, une plante qui, en fixant l'azote, réduit le besoin d'engrais chimiques.
Ici, les cultures vivrières principales sont le sorgho et le mil. Pour diversifier les variétés et limiter l’appauvrissement du sol, les paysans se tournent notamment vers le sésame et l’arachide, qui pourront être transformés en huile végétale.
Désormais, les barrages permettent de retenir les eaux plusieurs mois après la saison des pluies. Un réservoir d’eau précieux pour abreuver les animaux! Et quand les mares s’assèchent, on sème en décrue les cultures de contre-saison: oignons, patates douces tomates maïs et même blé et tournesol.
Un succés au delà des espérances
Plus de 20 000 hectares de sols dégradés sont à nouveaux fertiles. Sur certaines parcelles, la productivité a augmenté de 80%! La production de céréales a ainsi bondi de 39 000 à 55 000 tonnes. Parallèlement la vente des produits agricoles comme les oignons et le sésame contribuent à augmenter les revenus des habitants. Enfin, en l’espace de deux décennies, 18 millions d’arbres ont été plantés.
D’après une étude réalisée par IBIMET Institute- CNR Florence, la vallée de Keïta, en raison de l’intervention du projet a séquestré approximativement 36.000 tonnes par an de carbones atmosphérique.Cette quantité représente à peu près les 37% du total du quota de carbone atmosphérique assigné à l’Italie selon le Protocole de Kyoto. Les zones semi-arides peuvent donc contribuer à limiter le réchauffement climatique.
Pour en savoir plus sur les aspects techniques du projet Keita consultez l'ouvrage de René Marceau Rochette : « Le Sahel en lutte contre la désertification. Leçons d'expériences »
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